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Des Noms et des Hommes
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23 mars 2010

Piriac : un toponyme nautique : La plage du Closio

En empruntant la rue de Chatousseau on tombe sur la rue du Closio qui nous mène à une grande plage : la plage du Closio. Prononcer « clo zi yo »… en breton "kleuziou" signifie  «  le creux, le fossé ».

A partir des connaissances de l’évolution de la langue  Gildas Buron a pu reconstituer le sens du nom : Ecluse. En fait " petites écluses" closio étant le pluriel du diminutif "skluzig"

En latin exclusa. On rencontre plusieurs formes du nom :

-  "sclusigo" en 1572 dans le dictionnaire topographique de Quilgars, pluriel de "skluzig", qui évolue en "clusigo" puis "clo(u)sigo" et enfin la version celtisée avec la disparition du G dur, qui donne la terminaison  en " io"

- En 1763, dans un registre des déces de Piriac on trouve la forme "colisigo" mot qui semble issu d'une inversion des voyelles "closigo", devenant "colsigo", phénomène qui semble courant.

 

Ce toponyme nautique est remarquablement décrit par l'abbé Coyaud : " L'écluse est un bassin naturel assez curieux ; il est formé de rochers qui, sur deux lignes à peu près parallèles partent de la grève, se rejoignent au large et y forment un barrage. Ce bassin dit-on, est par endroits assez profond et on s'en doute un peu..très poissonneux"

Si on examine les lieux  la configuration des rochers forme une bande qui retient l'eau et cette eau s'écoule dans une sorte de passe.

closio_photo_mon_p_re

 

Il était donc facile de construire un petit barrage. Ces écluses, ou barrages, étaient des pêcheries en pierre qui isolaient une pièce d'eau de la mer pour y piéger les poissonkorechens.

 

La construction de ce type d'écluses, sur le littoral guérandais, est attestée dès le Moyen-âge. On en a retrouvé la trace dans les aveux récapitulatifs de biens sur la côte. Ce genre de constructions étaient communes dans le Finistère et dans l'Ile de Ré.

Il en existerait également au sud de la baie de Lérat.On note aussi qu'à Saint-Molf,au XVe siècle existait la rue au "sclus".

Cette interprétation est à rapprocher du nom des rochers face au rivage : Korechen. Ce nom est un dérivé de kored (ar gored) nordique qui désigne un barrage pour isoler un bassin à poissons. La terminaison en "enn" est un suffixe utilisé pour distinguer particulièrement une chose. Ici il s'agit donc " Du" Barrage, donc du plus important.Il est donc certain que là se trouvait une grande " pêcherie". La tradition s'est perpétuée puisqu'au XIXe siècle, Monsieur Riondel y a fait construire un petit vivier à homards qui abondaient à l'époque.

On peut donc dire qu'ici le toponyme terrestre correspond au thalassonyme.

 

 

sources :  d'après Gildas Buron (Pen Kiriac n° 55) et Michel Garnier (Pen Kiriac n° 110)

 

 

 

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Commentaires
S
Kored est effectivement un mot breton issu de la racine "kor"= "enclos" comme mentionné dans le commentaire précèdent.<br /> Mais, Kored signifie "pêcherie", ce qui colle parfaitement à la topo du lieux !<br /> <br /> bonne continuation pour ce blog
B
Le passage de /igo/ à /iyo/ dans Sclusigo > /kloziyo/ s'explique non pas pas une forme "celtisée" (?), mais par une palatalisation courante dans les dialectes méridionaux du breton.<br /> <br /> Un autre toponyme nautique de Piriac présente cette même transformation de G en Y : Le Brouillis, noté Le Blousgui sur les cartes anciennes.
T
Vous aviez raison !<br /> <br /> Penn C'herieg (plutôt que Pen-Herieg) est une invention de l'Ofis ar Brezhoneg,(qu'ils ont semble-t-il recomposé à partir de Penn-Kiriak)<br /> c'est cette forme que vous avez du voir sur une carte.<br /> <br /> Et la forme orale bretonnante de Piriac selon Gildas Buron devait être Pihiriak.
T
Bonjour !<br /> <br /> Bravo pour votre blog.<br /> Voici une quelques remarques sur vos analyses:<br /> <br /> -kored n'est pas de langue "nordique" mais c'est du breton tout simplement : enclos<br /> <br /> -korechenn : "enn" en breton est un singulatif et non pas "pour désigner une chose"<br /> korechenn est donc tout simplement le singulier de kored .<br /> Kored -> koredenn -> korechenn (ce passage de D en CH est trés courant à l'oral dans les dialectes bretons)<br /> <br /> <br /> -enn (sous-entendu Coréchenne = *koredenn > *koredjenn > *korechenn)<br /> <br /> -Kleuzioù : closio ne vient pas du breton Kleuzioù (donc pas de fossé) mais comme vous le dites plus loin de skluzigoù.<br /> <br /> -quant à l'article sur Piriac , vous émettez l'hypothèse de "mauvaise pointe". alors qu'il n'y a aucune langue ou kiriak signifie mauvaise.<br /> Cela tient de la pure légende ?<br /> <br /> Pour finir , vous dites aussi ceci "Pen-Herieg sur les cartes en langue bretonne"; ce n'est pas tout à fait cela : pen-herieg est la forme bretonne orale que l'on a collectée chez les derniers bretonnants de Batz-sur-Mer.<br /> <br /> Voilà, merci pour ce blog, c'est une initiative trés intéressante !<br /> <br /> Kalon vat et Bonne continuation<br /> Tugdual<br /> <br /> <br /> <br /> ps :<br /> explication du singulatif en breton (tiré de wikipedia)<br /> "on peut le définir comme une forme au singulier marquée tandis que le pluriel (ou duel, etc.) ne l’est pas. Le breton (mais aussi d’autres langues celtiques) est célèbre pour ce trait original : la forme non marquée pour « arbre » est gwez, au pluriel-collectif, tandis que le singulatif est gwez-enn (« un seul arbre »). Ce dernier connait aussi un pluriel régulier gwezenn-où qui désigne plusieurs arbres pris individuellement."
G
Bravo pour ce commentaire instructif et bien documenté. Les réserves de poissons devaient être un besoin et utiliser les roches naturelles "la bonne idée".
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