Piriac : un toponyme nautique : La plage du Closio
En empruntant la rue de Chatousseau on tombe sur la rue du Closio qui nous mène à une grande plage : la plage du Closio. Prononcer « clo zi yo »… en breton "kleuziou" signifie « le creux, le fossé ».
A partir des connaissances de l’évolution de la langue Gildas Buron a pu reconstituer le sens du nom : Ecluse. En fait " petites écluses" closio étant le pluriel du diminutif "skluzig"
En latin exclusa. On rencontre plusieurs formes du nom :
- "sclusigo" en 1572 dans le dictionnaire topographique de Quilgars, pluriel de "skluzig", qui évolue en "clusigo" puis "clo(u)sigo" et enfin la version celtisée avec la disparition du G dur, qui donne la terminaison en " io"
- En 1763, dans un registre des déces de Piriac on trouve la forme "colisigo" mot qui semble issu d'une inversion des voyelles "closigo", devenant "colsigo", phénomène qui semble courant.
Ce toponyme nautique est remarquablement décrit par l'abbé Coyaud : " L'écluse est un bassin naturel assez curieux ; il est formé de rochers qui, sur deux lignes à peu près parallèles partent de la grève, se rejoignent au large et y forment un barrage. Ce bassin dit-on, est par endroits assez profond et on s'en doute un peu..très poissonneux"
Si on examine les lieux la configuration des rochers forme une bande qui retient l'eau et cette eau s'écoule dans une sorte de passe.
Il était donc facile de construire un petit barrage. Ces écluses, ou barrages, étaient des pêcheries en pierre qui isolaient une pièce d'eau de la mer pour y piéger les poissons.
La construction de ce type d'écluses, sur le littoral guérandais, est attestée dès le Moyen-âge. On en a retrouvé la trace dans les aveux récapitulatifs de biens sur la côte. Ce genre de constructions étaient communes dans le Finistère et dans l'Ile de Ré.
Il en existerait également au sud de la baie de Lérat.On note aussi qu'à Saint-Molf,au XVe siècle existait la rue au "sclus".
Cette interprétation est à rapprocher du nom des rochers face au rivage : Korechen. Ce nom est un dérivé de kored (ar gored) nordique qui désigne un barrage pour isoler un bassin à poissons. La terminaison en "enn" est un suffixe utilisé pour distinguer particulièrement une chose. Ici il s'agit donc " Du" Barrage, donc du plus important.Il est donc certain que là se trouvait une grande " pêcherie". La tradition s'est perpétuée puisqu'au XIXe siècle, Monsieur Riondel y a fait construire un petit vivier à homards qui abondaient à l'époque.
On peut donc dire qu'ici le toponyme terrestre correspond au thalassonyme.
sources : d'après Gildas Buron (Pen Kiriac n° 55) et Michel Garnier (Pen Kiriac n° 110)